Depuis de nombreuses années , les Alpes-Maritimes sont le lieu de volontés politiques d’expérimentation de mesures de sécurisation des établissements scolaires.
A la FCPE 06, nous revendiquons une école non pas sécurisée, mais sécurisante, où les enfants puissent se construire en tant que citoyens libres et éclairés, plutôt qu’une école bunkerisée avec caméras de vidéosurveillance, tourniquets d’accès, reconnaissance faciale, policiers, etc.
Nous sommes particulièrement attentifs à ces mesures de sécurisation, dont l’impact réel en termes de sécurité est souvent assez douteux, alors que les conséquences sur le quotidien des enfants et des familles sont importantes et parfois même génératrices de nouveaux risques. On peut par exemple citer les mesures d’occultation des grilles des écoles, qui réduisent le champ de vision des adultes au portail et les empêche de suivre des yeux les enfants autant qu’auparavant, les attroupements de parents aux abords des écoles du fait de l’interdiction de rentrer dans les maternelles, etc.
Nous pensons que ces mesures ont un coût exorbitant, et que l’argent public serait bien mieux utilisé à recruter des adultes assurant une présence éducative (surveillants, infirmières, animateurs, psychologues, intervenants culturels ou sportifs…).
Nous refusons que nos enfants soient les cobayes des dispositifs testés par les grands groupes de sécurité (comme pour Cisco avec l’expérimentation de la vidéo-surveillance au lycée des Eucalyptus).
Comment faire passer des mesures dont personne ne voulait à la base ?
En tant que parents d’élèves, nous ne sommes pas des experts de ces questions, mais nous pouvons en revanche témoigner du cheminement emprunté par les politiques pour faire passer la pilule dans les instances comme le Conseil d’école ou le Conseil d’administration.
– on fait peur avec les menaces sur la sécurité dont les simples citoyens ne seraient pas conscients, mais que les responsables connaissent : « les écoles sont la prochaine cible des terroristes ».
– on fait miroiter des avantages pratiques et immédiats : un policier à l’école éviterait au directeur d’avoir à faire lui-même les vérifications, la biométrie à la cantine permettrait aux élèves de ne plus être punis pour oubli de carte, la reconnaissance faciale permettrait aux élèves suivant les formations sur la sécurité d’être à la pointe de la technologie.
– on fait du chantage émotionnel : « rappelez vous que des enfants sont morts », et on met en avant le fait que si jamais quelque chose se passait alors qu’on n’a pas fait le maximum, la culpabilité serait intense.
– on saucissonne les expérimentations pour les rendre inoffensives : un portique d’accès par ci, une caméra par là, des grilles opaques à 2m50 de haut d’un côté, un policier de l’autre… Les mesures s’ajoutent peu à peu, et on habitue nos enfants à être sous une surveillance digne d’un pénitencier du matin au soir…
– on revient sans cesse à la charge : si la mesure n’est pas acceptée une année, on y revient l’année suivante…
Les moyens d’agir
Bien sûr qu’on peut changer les choses, la mairie de Nice n’a finalement pas mis de policiers dans les écoles, la CNIL n’autorise pas n’importe quoi…
La première chose à faire, c’est d’être vigilant, de s’informer et d’informer les autres. La transparence sur ce genre de sujet est loin d’être la règle, et les décideurs aimeraient pouvoir mettre les citoyens devant le fait accompli.
Les parents d’élèves peuvent être des lanceurs d’alerte, et informer les autres parents, alerter les médias, faire en sorte que des décisions de ce type ne soient pas prises en catimini.
Des recours juridiques sont possibles : nous avons ainsi formé, avec la Quadratudre du Net, la LDH et la CGT Educ’action un recours contre la délibération de la région PACA qui autorisait l’expérimentation de la reconnaissance faciale (toujours en cours devant le Tribunal Administratif), nous avons échangé avec la CNIL sur les policiers dans les écoles niçoises.
Nous sommes obstinés et nous refusons d’abdiquer notre libre arbitre :
– l’inspection académique nous répète que les parents représentent un danger lorsqu’ils accompagnent leurs enfants dans les écoles maternelles… Nous ne la croyons pas ! Nous réclamons donc que dans les Alpes-Maritimes comme ailleurs, les parents puissent accompagner leurs enfants jusqu’à leur classe, et avoir la possibilité d’échanger chaque jour avec l’enseignant.
Cette revendication est d’autant plus essentielle que l’application de la mesure d’exclusion des parents a pour résultat des attroupements importants sur les trottoirs qui représentent un risque réel et immédiat !
Céline Vaillant
Secrétaire Générale FCPE 06